La question de l’étiquette
La question de l’étiquette…
Elle me taraude.
Et c’est comme si je n’arrivais pas à mettre de mots clairs dessus.
Pas n’importe quelle étiquette, si je suis honnête.
Ce matin, j’ouvre WhatsApp et je tombe sur une conversation entre amies.
L’une raconte que la maîtresse de sa fille soupçonne un TDAH.
Et là, ni une ni deux, je sens la rage me monter aux joues.
Je me demande même si cette rage est la mienne, après tout ce n’est pas mon enfant.
Mais rien à faire.
Le cœur qui s’emballe, les joues qui chauffent, le corps qui veut bondir comme un guépard.
Pas pour défendre la petite fille, non.
Je crois qu’elle n’a pas besoin qu’on la défende.
Mais pour remettre les pendules à l’heure sur quelque chose qui m’active profondément.
Parce que souvent, les adultes ne font pas leur part du travail émotionnel.
Ils enfouissent leurs vagues dans un coin de la maison et repartent tête baissée,
comme si de rien n’était.
Un deuil ? des tensions dans le couple ? des soucis financiers ?
Non, rien à signaler.
(Et encore une fois le but n’est pas de nous culpabiliser nous les adultes mais de nous amener à prendre nos responsabilités).
On continue.
Mais quand l’enfant commence à s’activer un peu parce que tout le monde s’accorde à dire que les enfants sont des éponges personne ne se demande :
“Et moi, comment je vais, là-dedans ?”
Non.
On dit : “On suspecte un TDAH.”
Même s’il a six ans.
Même s’il vient de rentrer en CP.
Même si un petit frère vient d’arriver.
Même si sa vie entière vient de changer.
Et attention — je ne dis pas que les diagnostics sont inutiles. Je sais qu’ils peuvent être une clé, un soulagement, un repère. Mais quand une institutrice, ou n’importe quel professionnel, prononce ces mots dès les premières semaines de l’année, sans avoir vraiment observé, noté, questionné, sans avoir exploré son propre rapport à cet enfant-là et en se cachant derrière le fait que c’est “pour son bien, pour aider l’enfant”, alors oui, je crois qu’on fonce droit dans le mur.
Ce qui m’active le plus, c’est cette phrase :
“C’est pour aider l’enfant.”
Je n’y crois pas toujours.
Souvent, c’est surtout pour nous aider, nous,
à catégoriser ce qu’on ne comprend pas,
à ranger ce qui déborde,
à mettre dans une case ce qui dérange notre vision du “normal”.
Mais un enfant n’a pas besoin d’être cadré dans une case.
Il a besoin d’être vu.
Écouté.
Soutenu dans ses tempêtes émotionnelles.
Et comment pourrions-nous accompagner un enfant à travers son intensité
si nous ne savons pas traverser la nôtre ?
Si nous refusons d’aller dans nos profondeurs, de nous tenir la main, nous aussi, au milieu du chaos ?
Je ne crois pas que poser un diagnostic soit mauvais.
Je crois juste que parfois, on oublie que les enfants sont des âmes,
avec leur trajectoire, leur histoire, leur façon de sentir le monde.
Tout comme nos chevaux.
Et que notre rôle, à nous adultes, c’est d’apprendre à écouter avant de nommer.
À ressentir avant de catégoriser.
À aimer, même quand on ne comprend pas tout.