La frustration chez le cheval

Aujourd’hui, j’ai envie d’aborder une émotion à la fois universelle et souvent mal comprise : la frustration — et plus particulièrement, celle du cheval.

C’est une émotion que nous, humains, avons déjà bien du mal à accueillir (moi y compris). Être frustré, c’est inconfortable. C’est comme se heurter à un mur invisible : quelque chose bloque le passage, et on ne sait pas comment le franchir.

Dans le monde du horsemanship, j’observe qu’on cherche souvent à éviter coûte que coûte que nos chevaux ressentent de la frustration. On cherche à la transformer, à la contourner, à la faire taire… plutôt que de les accompagner pour qu’ils apprennent à la traverser de manière saine et régulée.

Et pourtant, la frustration fera inévitablement partie de leur vie de cheval : une attente, une séparation, un obstacle, une consigne floue… autant d’occasions où cette émotion peut surgir. Autant leur apprendre, dans un cadre sécurisé, à y faire face. À ne pas s’effondrer, ni exploser, mais à ajuster leur réponse.

D’ailleurs, cet apprentissage leur est utile bien au-delà de la relation à l’humain. Un cheval qui ne sait pas gérer sa frustration dans un troupeau, qui se décharge brutalement sur les autres ou adopte des comportements inadaptés, risque d’être réprimandé voire exclu du groupe. La régulation émotionnelle, c’est aussi une compétence sociale.

Alors, par où commencer pour mieux comprendre cette émotion, et les enseignements qu’elle peut nous offrir ?

La frustration est un état émotionnel qui émerge lorsqu’un besoin, un désir ou un objectif est bloqué. Cet obstacle peut être externe (une barrière, une consigne, une attente) ou interne (peur, incompréhension, doute).

Chez le cheval, pour en saisir toute la portée, il est essentiel de connaître ses besoins fondamentaux :

  • liberté de mouvement,

  • vie sociale épanouissante,

  • accès régulier à la nourriture et à l’eau,

  • environnement sécurisant.

Mais il faut aussi comprendre sa psychologie : son mode d’apprentissage, sa perception du monde, sa sensibilité au langage corporel. Très souvent, la frustration apparaît non pas parce qu’on impose une limite, mais parce que cette limite est floue ou incohérente. Le cheval ne comprend pas ce qu’on attend, il cherche une réponse… et n’en trouve pas.

Une nuance importante ici :

Je ne pense pas que nous devions empêcher nos chevaux de ressentir de la frustration. Au contraire, je pense que c’est sain de leur permettre de l’expérimenterà condition que cela reste dans une zone de tolérance.

C’est ici que la connaissance du système nerveux devient précieuse : il y a une limite à ne pas franchir. Une fois dépassée, on ne parle plus d’apprentissage, mais de surcharge. À ce stade, on crée plus de dommages que de bénéfices.

En résumé :

La frustration n’est ni un ennemi à éliminer, ni une émotion honteuse. C’est une opportunité d’apprentissage, si elle est accueillie avec clarté, présence et bienveillance.

Et peut-être qu’en aidant nos chevaux à mieux la traverser, nous apprenons aussi à faire la paix avec la nôtre.

Je vous invite à aller écouter l’épisode n°10 du podcast Sur les traces de l’Hippogriffe (voir page PODCAST) pour celles/eux qui veulent en savoir plus sur la frustration. Dans cet épisode je vous amène des exemples concrets pour vous aider à mieux naviguer cette émotion avec vos chevaux.

A très vite

Clothilde

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