Mon cheval mord, que faire ?
Et si la vraie question c’était : « Mon cheval mord… qu’est-ce que je ressens ? »
Et si chaque comportement était l’expression d’une émotion ?
Chaque chose ressentie à l’intérieur a besoin de trouver une porte de sortie pour s’exprimer, sous peine de s’accumuler dans le corps et de mener à une explosion, à la maladie ou à la dépression.
J’aurais même envie de dire : votre cheval mord ? C’est parfait.
Au moins, l’émotion est exprimée, la communication existe toujours.
Alors, vous allez me dire : c’est bien gentil tout ça, mais c’est quand même handicapant parfois.
Et croyez-moi, je sais de quoi je parle.
Komète est l’un de ces chevaux qui explorent le monde — et parfois le corps de l’autre — avec sa bouche.
Et oui, parfois, je trouve ça vraiment intense.
Et non, je ne suis pas en train de vous dire de vous laisser mâchouiller le bras sans rien dire, mais bien de permettre, dans une certaine mesure, à votre cheval d’explorer le monde avec sa bouche.
Soyons honnêtes : les jeunes mâles sont souvent de véritables pros du mordillement.
Et si on observe un troupeau naturel (une famille complète), on réalise que la morsure y remplit plusieurs rôles.
C’est donc beaucoup trop simpliste de dire : « Mon cheval mord, il est irrespectueux » ou « Il m’attaque ».
Mon approche, profondément liée aux émotions et au ressenti, nous demande en tant qu’humains de nous connecter à notre corps, pour être capables de percevoir et de comprendre finement quelle émotion traverse notre cheval.
Et ainsi ajuster notre communication.
Prenons un exemple :
Vous êtes en train de faire un exercice avec votre cheval. Au bout d’un moment, il commence à vous mordiller.
Peut-être a-t-il déjà essayé de vous faire passer le message autrement : en bougeant, en secouant la tête, en détournant son regard…
Puis finalement, il mord.
Alors imaginez : à ce moment-là, vous lui claquez le nez pour qu’il arrête.
C’est comme si un enfant vous disait doucement qu’il a besoin d’une pause, que vous l’ignoriez…
Et qu’au moment où il se met à pleurer, vous lui mettiez une gifle.
Rien de tel pour lui couper l’envie de continuer à s’exprimer finement.
Oui, cette prise de conscience peut sembler culpabilisante.
Mais essayez de vous libérer de cette culpabilité, pour cultiver à la place de la curiosité, et la joie d’entrer dans une nouvelle réalité.
Parfois, c’est notre positionnement à côté d’une zone précise de son corps qui peut activer une mémoire : de jeu, de combat…
Et cela réveille une émotion forte — comme la rage — qui s’exprime par une morsure.
Et souvent, on sent très clairement que ce n’est pas personnel. Ce n’est pas à nous que cela s’adresse.
D’autres fois, il vous mordille de manière plus douce.
Comme si c’était son seul moyen d’interagir avec vous — et c’est probablement le cas s’il ne connaît pas d’autres codes relationnels.
À nous de lui en proposer d’autres.
J’observe aussi certains chevaux qui vont mordre lorsque leur humain cesse d’être présent dans son corps.
Comme s’ils cherchaient à les ramener dans le moment présent.
Et il y a aussi ces hongres qui, ayant manqué de contacts sociaux durant leurs premières années, continuent de mordiller parce qu’ils ont besoin de vider quelque chose.
C’est un peu comme dans un jeu vidéo : pour passer au niveau suivant, il faut vider toutes ses cartouches.
Eux n’ont pas pu le faire à temps, et restent coincés émotionnellement à l’âge de deux ans, par exemple.
Dans un prochain article, je vous proposerai des pistes concrètes à explorer avec vos chevaux qui ont tendance à mordre.